Éducation /Jeunesse
Où es-tu motivation ?
Par Kayissou Adjoa Calpenia OBEY, Professeure de français.
Devenue rare ou quasiment absente, la motivation semble avoir disparu auprès de certains apprenants gabonais. En effet, le constat est amer de voir que certains jeunes ne savent pas pourquoi ils viennent à l’école tous les matins. Il n’y a qu’à les observer pour savoir que beaucoup ne sont plus motivés.
Comment comprendre cette démotivation ?
Certains de nos jeunes maîtrisent quasiment tous les réseaux sociaux et s’y adonnent en permanence, perdant ainsi un précieux temps qu’il serait souhaitable de consacrer à leurs études.
Un constat : ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire plus tard dans la vie. Ils ont l’air « perdu » pour la plupart d’entre eux lorsqu’on leur demande le métier qu’ils aimeraient exercer plus tard. Les réponses sont hésitantes et manquent d’assurance, comme si le sujet n’avait jamais été abordé ou discuté en famille. C’est comme si cette hésitation marquait l’incertitude d’obtenir ce poste dont ils oseraient rêver.
- Cette attitude peut parfois se comprendre, car, pourquoi être motivé ? Pourquoi faire des études si c’est pour finir « diplômé chômeur » après des d’années de sacrifices ? Nombreux sont les exemples autour d’eux et dans leurs familles, des « grands frères » déçus par le système scolaire gabonais, qui n’est au dire de certains qui exagèrent, qu’« une machine à perdre du temps à la jeunesse ».
Alors, de quelle motivation peut-on encore parler lorsque l’incertitude d’avoir un emploi stable et bien rémunéré s’installe peu à peu dans l’esprit de ces jeunes ?
À quoi sert l’école si c’est pour finir sans emploi ?
Cette situation, beaucoup l’ont comprise depuis et ne viennent parfois à l’école que pour y passer du temps ou faire plaisir aux parents. Et cela se reflète dans leur attitude au quotidien, puisque certains élèves ne font pas régulièrement leurs devoirs de maison ou ne lisent pas les œuvres programmées. Ils ne veulent plus fournir d’effort mais prétendent vouloir réussir.
Pour ceux qui ont réussi à sortir du lot en ayant leur baccalauréat, la plupart ont compris que l’avenir est ailleurs. C’est pourquoi lorsqu’ils vont à l’étranger pour poursuivre leurs études supérieures, ils ne veulent plus revenir au pays, puisqu’ils savent qu’y trouver un emploi demeure un marathon. Et ainsi se crée la fuite des cerveaux soutenue par certains de nos dirigeants qui n’ouvrent pas des structures pour employer ces jeunes diplômés ou n’encouragent pas ces derniers à créer leurs propres entreprises.
Tant que la situation restera telle, le manque de motivation existera et la fuite des cerveaux aussi. Il serait souhaitable, pour limiter les dégâts, que le système éducatif mette l’accent sur des formations plus pratiques, c’est-à-dire professionnelles à cycle court ; par ailleurs, qu’un budget soit mis à disposition pour aider les jeunes diplômés à ouvrir leurs propres entreprises en subventionnant leurs projets.
Si cette démarche venait à s’appliquer correctement, les jeunes n’en seraient que fiers. Car, ce sont eux l’avenir, le souffle de demain dont a vivement besoin le Gabon, voire l’Afrique, pour améliorer l’image de ce continent.
Kayissou Obey (Copyright)
Biographie :
Kayissou Adjoa Calpenia épouse OBEY est de nationalité gabonaise née à Port-Gentil le 14 juin 1976. Elle y a passé toute son enfance jusqu’à la réussite de son baccalauréat en 2001. Puis, elle a rejoint la capitale Libreville pour poursuivre ses études supérieures à l’École, E Normale Supérieure (ENS) où elle a achevé sa formation par l’obtention du CAPES en études françaises en 2007 ; diplôme qui fait d’elle une enseignante des lycées et collèges. Elle est actuellement en fonction dans un lycée de la capitale.
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L'école c'est pour avoir des aptitudes pour se créer un travail à soit et pour les autres